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LE PALUDISME DANS SES FORMES GRAVES TUE !

Par Ornella Sabi

Le paludisme ou ‘malaria’ est une maladie infectieuse causée par un parasite du genre Plasmodium.

Il s’agit d’une infection très fréquente, pouvant être grave, potentiellement mortelle, qui sévit dans les régions tropicales, surtout en Afrique sub-saharienne.

En 2019, 229 millions de cas de paludisme ont été enregistrés dans le monde avec 409 000 morts liées à la maladie.

Sommaire

MODE DE TRANSMISSION

Le parasite Plasmodium responsable du paludisme, est transmis par la piqûre d’un moustique femelle du genre anophèle, infecté.

Il existe 05 espèces de plasmodium pouvant causer le paludisme chez l’humain : le plasmodium falciparum, le plus fréquent et le plus dangereux, responsable d’une grande majorité des cas de décès, et les plasmodiums vivax, ovale, malariae, et knowlesi, responsables de formes bénignes de paludisme, généralement non mortelles.

La transmission est également possible entre une femme enceinte infectée et son fœtus, via le placenta.

SYMPTOMES DU PALUDISME SIMPLE

Les symptômes apparaissent généralement 1 à 3 semaines après les piqûres responsable de l’infection

  • Maux de tête
  • Forte fièvre (39-40°) surtout le soir, plutôt cyclique (se répétant tous les 02 ou 03 ou 04 jours selon l’espèce de plasmodium en cause), qui s’alterne avec des sueurs intenses et frissons
  • Courbatures et douleurs articulaires
  • Fatigue
  • Perte d’appétit
  • Nausées ou vomissements, parfois diarrhée (surtout chez les enfants)

Le diagnostic de certitude est basé sur une analyse biologique du sang grâce à la Goutte Épaisse/Densité parasitaire (GE/DP) qui permettra de confirmer la présence du parasite et parfois d’identifier l’espèce de Plasmodium en cause.

Il existe également des test de diagnostic rapide souvent utilisés dans les zones reculées de forte endémie paludique.

QUAND PARLER DE PALUDISME GRAVE ?

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a défini des critères de gravité du paludisme. La présence d’un seul de ces critères, clinique ou biologique, associé à la présence du plasmodium falciparum dans le sang, fait porter le diagnostic de paludisme grave.

Il s’agit de :

  • Trouble de la conscience (allant de la simple omnibulation au coma)
  • Convulsions répétées (plus de 02 en 24H)
  • Saignements spontanés anormaux
  • Anémie grave (taux d’hémoglobine < 7g/dL chez l’adulte et < 5g/dL chez l’enfant)
  • Ictère (jaunisse)
  • Prostration (faiblesse extrême)
  • Hypoglycémie
  • État de choc
  • Détresse respiratoire
  • Œdème pulmonaire
  • Insuffisance rénale
  • Hémoglobinurie (urines rouges foncés, hémoglobinurie à la bandelette urinaire)
  • Acidose métabolique (pH < 7,35)
  • Hyper-lactatémie (lactates plasmatiques > 5 mmol/l)
  • Hyper-parasitémie > 250000 parasites/ml de sang

QUELS SONT LES TERRAINS PROPICES AU PALUDISME GRAVE

Toute personne peut faire un paludisme grave.   

Un paludisme grave est souvent la conséquence d’une ou de plusieurs erreurs :

  • Traitement préventif prophylaxique absent ou incorrect
  • Mauvaise interprétation des premiers symptômes
  • Retard ou mauvaise observance du traitement du paludisme simple

Cependant certains terrains sont plus susceptibles de rapidement développer un paludisme grave :

  • Les personnes non immunisées, principalement les expatriés en vacances en zone tropicale endémique, et Les migrants ayant perdu une partie de leur immunité (en effet vivre dans une zone tropicale et être souvent exposé à la piqûre d’anophèles procure une immunité acquise contre le parasite. Mais après une absence de plusieurs années le sujet perd son immunité).
  • Les femmes enceintes : la grossesse est un état physiologique qui rend la future mère vulnérable: un paludisme grave chez elle pourrait entraîner un accouchement prématuré et même la mort du fœtus. Cependant il est à noter que tout type de paludisme chez la femme enceinte n’est plus systématiquement un paludisme grave.
  • Les enfants : ils sont des êtres fragiles et particulièrement vulnérables dans les zones endémiques tropicales car l’acquisition de l’immunité se fait progressivement. Donc tout cas de paludisme chez l’enfant doit être systématiquement et rapidement pris en charge.

COMMENT TRAITER LE PALUDISME GRAVE ?

Le traitement du paludisme grave se fait impérativement en urgence et en milieu hospitalier de soins intensifs. Il est basé sur l’injection intraveineuse d’Artésunate en première intention ou à défaut de quinine, associé à un traitement symptomatique des autres signes et des soins de réanimation si nécessaire. 

PEUX-T-ON PRÉVENIR LE PALUDISME GRAVE ?

Oui ! Il est possible pour toute personne de prévenir le paludisme et en l’occurrence le paludisme grave.

Mesures générales de prévention quelque soit le terrain
  • Détruire les gîtes de larves de moustiques en gardant notre environnement sec, propre et désherbé. 
  • Éviter de se faire piquer : en utilisant des crèmes répulsives anti-moustique en plein air sur toutes les parties découvertes du corps, en évitant des vêtements sombres qui attirent plus les moustiques en plein air le soir, et en dormant sous moustiquaire imprégnée à longue durée d’action.
Chez la femme enceinte
  • Traitement préventif intermittent à base de Sulfadoxine et de Pyrimétamine automatiquement administré lors des consultations prénatales.
Chez les enfants 
  • Traitement préventif du paludisme saisonnier chez les enfants âgés de 3 mois à 59 mois (5 ans) dans les zones où la transmission du paludisme est hautement saisonnière.
Chez les sujets non immunisés
  • Traitement préventif systématique prescrit par un médecin (à débuter avant le départ de leur voyage en zone endémique, à prendre au cours du séjour et à poursuivre une semaine après le retour au pays).
En cas de traitement de paludisme simple
  • L’adoption d’une bonne combinaison thérapeutique en fonction du poids et de l’âge et la bonne observance du traitement sont de mise.

 

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